« Des milliers [de chrétiens irakiens] ont été tués, des centaines de milliers ont été forcés de fuir » a dit Wolf Blitzer de CNN dans une interview avec le Col. Warren la semaine passée.
« Il
y a une crainte légitime – vous êtes ici à Baghdad – que la longue
histoire des chrétiens vivant de manière pacifique et fructueuse en
Irak, arrive à son terme. Quelles devraient-être nos inquiétudes à
propos de la Communauté chrétienne en Irak? «
Réponse du Colonel Warren : « Wolf,
ISIL* se fiche pas mal que vous soyez chrétien … Nous n’avons pas de
preuve particulière que les chrétiens soient ciblés plus
spécifiquement. »
Sauf que
pratiquement, en dix ans, les deux-tiers des 1,5 million de chrétiens
d’Irak ont été tués ou forcés à fuir le pays du fait de l’Etat islamique
(ISIS ou EI) ou des jihadistes qui l’ont précédé. Et cela n’a rien à
voir avec leur identité religieuse ?
En
Irak et dans tous les territoires conquis, ISIS a, au minimum, appliqué
rigoureusement, sous peine de mort, les lois islamiques de la
dhimmitude exigeant que les chrétiens paient la jizya – une somme d’argent extorquée en échange de leur « protection » et de leur soumission à un ensemble de lois dégradantes.
Souvent,
les combattants d’ISIS ne s’embarrassent pas de formalités et
simplement torturent à mort les chrétiens qui refusent de se convertir à
l’Islam. ISIS publie alors la séquence vidéo à des fins de propagande.
Les plus connues sont deux vidéos
d’exécutions de masse de 21 égyptiens et 30 éthiopiens en Libye au
printemps dernier, mais il y a beaucoup d’autres exemples moins connus.
En 2014, un groupe d’enfants chrétiens irakiens a refusé de renier le Christ et a dit, « Non, nous aimons Jésus, » ISIS les a décapités et a mutilé leurs corps.
« ISIS enferme des chrétiens irakiens et syriens dans des cages et des cercueils et y met le feu »
Egalement, l’été dernier à Alep, en Syrie, ISIS a torturé,
mutile, violé publiquement, décapité et crucifié 12 chrétiens qui
avaient refusé de se convertir. Des témoins visuels qui ont pu
s’échapper ont rapporté qu’ISIS enferme les chrétiens irakiens et
syriens dans des cages ou des cercueils et y met le feu.
ISIS
kidnappe des chrétiens et exige le paiement de rançons pour leur
libération. Les femmes captives deviennent des esclaves sexuelles. A une
fillette de 12 ans, violée par un combattant de l’Etat Islamique, il
fut dit que « ce qu’il allait faire n’était pas un péché » parce qu’elle « pratiquait une religion autre que l’Islam. »
ISIS
envoie des agents qui se font passer pour des réfugiés dans les camps
de réfugiés des Nations Unies en Jordanie pour kidnapper des jeunes
filles chrétiennes, les vendre et les employer comme esclaves.
L’Etat Islamique semble s’être donné pour mission d’éradiquer toute trace physique de chrétienté dans les régions conquises.
Il a rasé des dizaines d’anciennes églises – jusqu’à 400 églises ont été détruites rien qu’en Syrie, — sans mentionner les innombrables crucifix, statues, tombes et autres reliques.
L’Etat Islamique a donné l’ordre à l’Université de Mossoul de brûler
tous les livres écrits par des chrétiens, et a décrété que tous les
noms des écoles chrétiennes devaient être changés à Mossoul et dans la
plaine de Ninive. Certaines écoles existent depuis le début du 18ème
siècle.
La destruction par ISIS d’un
monastère vieux de 1400 ans n’est pas une nouveauté. L’été dernier,
ISIS a incendié une église de Mossoul, vieille de 1800 ans et a rasé au
bulldozer à Homs, un monastère vieux de 1600 ans en réponse à ceux qui
« vénèrent un Dieu autre qu’Allah. »
La persécution des chrétiens par ISIS « est caractéristique d’un nettoyage ethnique »
En bref, les chrétiens sont absolument « la cible privilégiée » de l’Etat Islamique.
ISIS
assassine aussi les musulmans qui lui résistent, mais seuls les
non-musulmans — au premier chef, les chrétiens — sont voués à
l’esclavage, au viol, et parfois à la conversion forcée à l’Islam sous
menace de mort. Bien que la loi islamique, la charia, légitime le
meurtre, l’esclavage et le viol des non-musulmans, elle interdit que les
musulmans soient traités de la sorte, à moins qu’ils ne soient
considérés comme des takfir [excommuniés] ou des apostats.
Il
y a peu d’observateurs bien informés pour contester le fait que la
communauté chrétienne d’Irak est sévèrement menacée par ISIS.
Selon le Centre Simon-Skjodt pour la prévention des génocides, la persécution par ISIS des chrétiens « est caractéristique d’un nettoyage ethnique. » David Saperstein, l’ambassadeur des Etats-Unis pour la liberté religieuse, reconnaît aussi que ce sont « essentiellement les chrétiens » qui sont persécutés pour leur foi en Irak.
Que
le porte-parole officiel de l’armée américaine en guerre contre ISIS se
permette une telle remarque est profondément déconcertant.
Mais
est-ce bien le Colonel Warren qu’il faut blâmer – s’il n’est qu’un
militaire qui fait de son mieux pour se conformer aux exigences des
politiciens qui au sommet de la hiérarchie, ne veulent pas reconnaître
les souffrances des chrétiens du Moyen Orient ?
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